L'épopée de la Guildeularoût (RP à plusieurs)

Un jeune homme progressait d'un pas alerte sur le chemin forestier. Il
était visible de loin : nul ne pouvait rater dans toute cette verdure
printanière ses habits chamarrés, cette dentelle d'une blancheur
immaculée et resplendissante, ces plumes colorées...
Sur ce visage
juvénile se lisait une joie ineffable. Les yeux bleus du jeune homme
irradiaient de bonheur : Dame Zelandra lui avait confié à LUI, jeune
Barde de Cyrosh formé par Maître Yodol, l'illustre mission de conter
les hauts faits d'une guilde superbe, la Guildeularoût !

Alors
oui, son cœur battait vite, non seulement à cause de la marche rapide
qu'il s'imposait, mais aussi d'une saine excitation ! Il avait hâte de
rencontrer ces farouches combattants du Cartel, ces fiers guerriers aux
traits de baroudeurs, ces Héros dont il allait écrire la Légende pour
les siècles à venir !
Ho oui... il allait écrire une Saga sans égale ! Quelle matière que cette guerre pour les créateurs comme lui !

Déjà,
il voyait dans son esprit la splendeur des tours du castel des
guildeularoutiens... heu... "tards" ? Zut ! Il lui faudrait leur
demander leur nom à ces Combattants de Zelandra... et sans les vexer !

Il
pressa encore le pas, resserrant son barda qui comprenait quelques
vêtements de rechange et son Ecritoire, avec plumes, encres... Tout
pour écrire des histoires éternelles ! Son plan en tête, il se savait
proche de la forteresse de cette guilde grandiose... mais il ne voyait
rien d'autre qu'une palissade et des tentes... Le château ne devait pas
être loin pourtant...

Il avisa un homme d'arme assis devant
une entrée boueuse, la hallebarde sur les genoux, et la tête au creux
de la main... Il faisait visiblement un somme !
Il s'approcha et
doucement, lui tapota l'épaule. Le bougre sentait la vinasse ! Il le
secoua donc plus violemment : il lui fallait réveiller ce rustre pour
demander son chemin !

- Mon brave ! Ho ! On se réveille je vous prie. Hohééé !
-
Ha !! Non, je dormais pas Chef, non, mon Baron, pas de course à pieds,
pitié, ne... ha ben tiens, non, z'êtes pas l'Baron, vous, réussi à
éructer ce "garde" en se relevant tant bien que mal...
- Heu, non :
je ne suis pas "LBaron" et je ne sais qui est cette personne... Dites
moi, j'ai besoin d'un renseignement, je me suis visiblement égaré et
j'espère que vous pourrez me renseigner : je cherche le chemin du
Castel de la Guildeularoût, le fameux bastion de l'illustre Baron
Pifou... On m'a indiqué ce lieu mais je ne vois pas la forteresse... Et
bien, qu'avez vous ?

Le Garde regardait le jeune homme avec incrédulité, la bouche grande ouverte.
-
Z'avez dit quoi ? Illustre ? castel, forteresse ??? Mais... enfin...
vous êtes arrivé au Campement de la Guildeularoût, ça c'est sûr... Mais
y a rien d'illustre à cent lieues à la ronde mon gars...

Un vide se fit dans les entrailles de Yoric... Ainsi, cet amas de tentes serait... son but ? C'était ÇA la Guildeularoût ???

-
Ouais... j'vois qu'on vous avait pas dit, hein ? M'enfin... Z'êtes là
pour entrer chez nous comme combattant ? la tente de recrutement est là
bas. Sinon, y a la Taverne : vous trouverez là bas l'Kerel... Vous
z'expliquera c'que vous voulez savoir...

Médusé, à la limite de
la tétanie, le Barde Yoric pénétra dans le Campement de la guilde...
Ses lettres de créance lui paraissaient futiles maintenant... Une
pensée résonnait dans son crâne : il allait falloir écrire une légende
avec ça...

Il n'était pas au bout de ses surprises...

Zombiette sortait de sa tente lorsqu'elle aperçu un jeune homme à l'air totalement déconfit. Elle l'observa d'un peu plus prêt, et s'aperçu qu'il était barde. Un barde déconfit venait donc de faire son entrée dans le vaste campement de la Guildeularoût... Voilà qui était interessant... Toute la question était cependant de savoir pourquoi il était déconfit...

Avant d'interpeler le jeune barde, elle se dit que puisque le garde était réveillé, autant commencer son enquête par le témoin plutôt que pas l'affrontement immédiat avec l'accusé. Ou la victime d'ailleurs... Allez savoir dans quelle catégorie il était... Elle s'approcha donc du garde et lui demanda qui était cette personne qui venait d'entrer.

C'est Yoric, et il cherchait l'château de la guilde... L'est pas près d'le trouver ! Et le garde se mit à rire. Ou plutôt à grogner... Zombiette soupira, puis elle ensorcela les cailloux qui trainaient à proximité et les jeta sur le garde. Ce dernier la regarda d'un air incrédule, puis se mit à courir pour échapper à la pluie incessante de pierres qui lui tombaient dessus. Voilà qui était fait, Pifou n'aurait pas à se charger de ça plus tard.

Ainsi donc ce barde cherchait un château, et trouver à sa place un magnifique campement de lui avait pas plu... Hmmm, c'était mal barré pour lui... Oser être déconfit devant le si magnifique campement de la guilde ! D'un autre côté, il était vrai que les couleurs flamboyantes des tentes avaient un peu ternies après l'hiver passé, et que les douces fragances qui sortaient de la tente de la Ligue féminine ne parvenaient pas à faire oublier la puanteur qui sortait de celle de l'Alliance paysane... Mais tout de même !

La magicienne s'approcha du barde. Elle avait rangé sa baguette. Il ne fallait tout de même pas oublier les règles de politesse, et menacer quelqu'un avec sa baguette n'en était pas une.

Bienvenue dans notre Maaaaagnifique campement très cher. Je me nomme Zombiette, et je suis magicienne de mon état. Vous êtes Yoric n'est-ce pas ? Voilà bien longtemps qu'un barde n'est passé ici... La magicienne réflechit... En fait elle ne se souvenait pas en avoir déjà vu au campement... Mais peu importait. Mais vous devez être fatigué de votre long voyage ! Laissez moi vous conduire aux résidences que nous réservons à nos invités... Zombiette réflechit à nouveau. Allait-elle le conduire à l'étable et le laisser mariner dans la bouse pour lui apprendre qu'on ne se déconfiait pas en entrant dans le campement, ou plutôt l'emmener vers les plus belles tentes pour lui en mettre plein la vue... La première hypothèse était tentante... Mais peu diplômate... Va pour les tentes alors... Et c'est avec un soupir de déception que la magicienne le conduisit vers sa demeure pour toute la durée de son séjour chez les Guildeularout-machin, non sans lui avoir montré au préalable où se trouvait la taverne, lieu ô combien important de la guilde, et où il ne manquerait pas de revenir promis juré. Mais il ne perdait rien pour attendre...

Cher Maître, je vous salue avec la pus profonde révérence

Je suis bien arrivé au sein de l'illustre Guildeularoût, mais je dois vous dire que ce que l'on entend sur eux est loin de refléter la vérité ! les paroles des Courtisans de Dame Zelandra me paraissent toutes creuses désormais...
Je ne vous parlerai donc pas de la crasse environnante, du sang répandu sur leurs tenues, de leur "Campement" si fruste... mais je vous parlerai de leur Baron !

Le Baron Pifou est tenu en haute estime à ce que j'ai cru comprendre au sein du Conseil de Zelandra. Sa guilde est alliée à de nombreuses autres et il fait partie des meilleurs combattants du Cartel...
Et bien le personnage que j'ai rencontré n'est pas du tout comme cela !
Sa tente n'est pas la plus grande au sein de cette ville de toile dont le seul bâtiment en dur se trouve être l'auberge ! Elle est remplie de missives d'autres guildes, de plaintes aussi... il passe ses journées sur cette paperasse et lorsqu'il combat, c'est pour se souiller les mains avec du sang d'ennemis plus faibles que lui !
Oui ! Il tue de jeunes ennemis ! C'est un Assassin !
Je lui ai exposé mon dégoût, et bien voici sa réponse :

- Et qu'attendais tu jeune paltoquet tout enrubanné ? Cette guerre est une sale guerre : je n'en ai jamais connu d'autre, mais il me semble qu'il n'y a rien de pire qu'une guerre civile... Cette sale guerre, je la fais salement... J'affronte mes ennemis à visage découvert : je ne me cache pas... s'ils veulent fuir, qu'ils le fassent ! Mais je tue des faibles, oui... des ennemis du cartel ! Oui ! Hommes et Femmes, sans distinction ni pitié... je tue ceux qui dorment sans protection, oui... et ceux qui bougent ou ne font pas attention ! je tue, je tue encore, je tue toujours... Telle est MA guerre !
Mais ne te méprends pas sur mon Honneur : j'ai juré allégeance à Ma Dame, je porte ses couleurs et ma tunique arbore fièrement les 7 étoiles qu'elle nous a remis, à moi et aux miens... Nulle pitié pour mes ennemis : telle est ma devise...

Vous rendez vous compte cher maître de ce qui m'a été demandé ? Comment écrire une légende avec ce genre de personnage ??? Et je ne vous parle même pas des autres ! Je n'en ai croisé que quelques uns, mais ils me fichent la frousse !
Demandez moi de revenir, je vous en prie... Rappelez moi au prêt de vous... Pitié...

Barde Yoric.

"Mon Maître, je vous écrit ce jour le cœur débordant de liesse !

Il est arrivé un GRAND malheur à la Guildeularoût !

Oui ! Et je m'en réjouis ! Mais vous allez voir pourquoi...

Tout a commencé par une journée ordinaire... J'ai été réveillé à l'aube par le tavernier, Brioche, qui me loge en ce Campement si rustre... Il venait de jeter dehors le "Chevalier" Kerel qui avait encore dormi sur une table de la salle commune...
Débordant d'énergie, je me suis donc mis en quête d'un lieu calme pour travailler à mon épopée sur cette Guilde, commande des Conseillers de Zelandra, je vous le rappelle... Et là ! Je suis tombé devant une scène hallucinante !
Le Baron Pifou était en train de virer comme un malpropre le chevalier Morzan ; je l'ai nommé "Morzan à la goutte au nez" dans mon épopée...
Il ne touchait pas terre ! Et le Baron ne le tenait que d'un bras ! Quelle force a ce balourd !
Une fois à la porte, il a jeté le jeune homme sur une douzaine de pieds !!! Et dans le même temps, il réussi à réveiller le Garde qui ronflait bruyamment par un magistral coup de pied !
N'en revenant pas, j'ai suivi le Baron Pifou jusqu'à sa tente. Il renvoya ses aides de camp ; peu de temps après, il lâcha une dizaine de pigeons ; et enfin... il se mit à tout casser dans sa tente !
Sans un mot, sans un cri, méthodiquement... tout le mobilier qui servait de lieu de travail ou de repos y est passé...
Je me tenais là, devant la porte de sa tente... l'observant tout en sachant qu'il m'avait vu, attendant qu'il me congédie violemment...
Tout au contraire, il pris une bouteille de liqueur et m'invita à m'installer... hé bien par terre ! Moi ! par terre ! Aux côtés de cette brute !
A ma grande surprise, sa demande me laissa tellement hébété que j'acceptais et vint m'assoir au milieu des décombres. Il m'offrit à boire à même le goulot... et je failli à jamais perdre le goût des aliments et de toute autre chose à la première gorgée de cette infâme liqueur ! De l'alcool frelaté de moine, me dit il...

Et il se confia...
Il me dit tout...
Ses espoirs sur cette guilde, son échec avec le Chevalier Morzan, la peur qui l'étreignait quand il entendait les siens se disputer ou douter... Il était calme, mais la tempête qui venait de faire rage en cette abri de toile n'était pas simulée... et je la sentais encore présente parfois dans sa voix...

- Yoric, j'ai besoin de vous... Vous m'êtes actuellement plus qu'inutile. Mais il vous faut discuter avec les miens pour savoir ce qui se passe. Pourquoi ces tensions soudaines ? Qu'arrive t-il ? M'épencher ainsi en ce moment même me fait réfléchir, m'aide en somme... et puis cela vous servira pour votre piécette que vous êtes en train de rédiger là...

Et me voilà bombardé Conseillé du Baron !
je fais mon trou, Maître !

Il faut que chacun se confie à moi, dise ce qui ne lui va pas... Telle est ma mission ! Les malheurs de cette guilde feront ma gloire, Maître !!"