C'était comme si le temps s'était figé pour Kerel.
En face de lui, les gestes d'Ezekiel s'étaient fait de plus en plus lent alors que les
battements de son coeur s'emballaient. D'ailleurs, c'était tout le campement qui
marchait au ralenti à présent et Kerel n'échappait à la règle.
Un observateur assidu aurait néanmoins pu remarquer que le mouvement de ses yeux
était impossible à suivre. En effet, le FT avait l'impression d'être emmuré dans son
corps; Son esprit lui, n'avait jamais été aussi aiguisé. Kerel maudissait les Dieux qui le
rendaient si impuissant face à cette situation.
Soit, il n'avait qu'à briser les lois divines !
D'un simple exercice mental, il détruisit les chaînes de son subconscient censées brider
son charisme débordant. A présent celui-ci n'avait plus aucune limite. Si bien que
même les Dieux qui s'étaient penchés pour observer la scène furent ébloui.
Etre libéré de leurs regards, c'était être libéré de leurs pouvoirs et de leurs règles.
L'experience était grisante et enivrante. Kerel était le seul maître de ses mouvements
et le seul juge de ses propres limites. Le revers de la médaille, il le savait, c'était que
les mortels ne supportaient pas ce niveau de charisme. Le temps lui était donc compté
s'il ne voulait pas blesser ses amis. En une fraction de fraction de seconde il prit les
cervoises des mains d'Ezekiel et remit en place les barrières mentales de son charisme.
Le timing avait été bon, personne n'était blessé.
Kerel senti le regard des Dieux peser timidement sur lui. La persistance rétinienne lui
donnait encore un répit avant de redevenir un humain comme les autres (plus ou
moins). Il en profita pour aller à la taverne, effacer ses dettes dans le calepin de
Brioche, prendre une bière, en prendre une autre, emprunter un tonnelet, le cacher
dans sa tente avant de ressortir pour se retrouver devant Ezekiel. Enfin Kerel avait
toute l'attention des Dieux à présent et le temps reprenait sa course folle, révélant un
Ezekiel ahuri et les mains vides.